INTRODUCTION

18.7.07

Epitaphes

Le cimetière depuis le XIX e siècle est le reflet de notre imaginaire collectif sur la mort. La mort est un sommeil éternel, qu’il convient aux vivants de ne pas troubler. On rassemble les morts en un lieu qui leur est propre, on les protège ainsi du tumulte du monde, mais on les garde aussi à distance afin de se protéger de leur éventuelle capacité de nuisance.

Les épitaphes, des mots vers l’au-delà
Des mots pour dire le défunt et sa vie



L’information de base inclut généralement l’état civil des défunts : nom, prénom, parfois nom de jeune fille pour les femmes mariées. Les dates de naissance et de mort sont complétées par les lieux, surtout s’il convient de mettre en avant une origine comme pour les Irlandais arrivés en Nouvelle-Calédonie via l’Australie. Francis O’ Beirne, marié à Nouméa, le 14 Juin 1876 par M. le Maire Arthur Pelletier à Melle Mac-Evoy Sarah, Jane, née le 25 Avril 1852 à Sydney,
fille de Mickaël et de Bridget Tracy. Son domicile, sa propriété, ses activités économiques : briqueterie, élevage, mine de cuivre, dont le permis d’extraction ne sera pas obtenu, ainsi que sa tombe sont situés au Vallon Dore. On peut y lire :
Sacred to the memory of Francis Hugh O’Beirne who departed this life on the 14 February 1883 aged 56 years native of Sligo, Ireland leaving a sorrowful wife and a large circle of friends to mourn their loss.




© Stéphane M. Pannoux

Les épitaphes des sépultures vietnamiennes sont écrites en vietnamien, en caractères chinois et latins. Le chinois, son écriture, se sont répandus au Vietnam, supplantant un système antérieur. Ces caractères nôm transcrivent jusqu’au XVII ème siècle les sons du vietnamien. Alors des missionnaires, notamment le père Alexandre de Rhodes, la transcrivent en caractères latins, appelés Quõc ngù. Cette écriture est toujours utilisée. La localité dont le défunt est originaire,
le Quê, est précisée.

L’inscription peut être complétée par une photographie.
Dans les petites « maisons d’éternité » marquant les tombes propres aux Vietnamiens arrivés sous contrat on trouve, à côté de la vierge, du Christ, la photo du défunt. Les femmes en tenue traditionnelle du Nord Vietnam, figées pour l’éternité, dans une trentaine resplendissante, incarnent la plénitude de la mère et épouse ; les hommes, la sagesse.

…..
Fait inhabituel hors de la Nouvelle-Calédonie, la mention concession perpétuelle gravée sur certaines tombes vietnamiennes, rappelle qu’avoir sa place au cimetière, c’est avoir sa place dans la société et qu’accéder à cette concession c’est reposer en paix pour l’éternité. Ces mots sonnent comme une victoire.

Stéphane Marguerite PANNOUX,
Maître de conférences en histoire à l’UNC.

Extraits de Correspondances Océaniennes Vol. 6 n° 1 mai 2007



Au fait tout ça pour dire que les recherches sur le cimetière de Paagoumène ont pas mal avancé depuis mon billet sur le sujet. En effet, des élèves de Madame PANNOUX ont effectué des travaux de terrain sur les cimetières du coin, travaux dont les résultats constituent une (très)bonne base. A cela il faudra ensuite trouver quelqu’un pour les travaux de traduction.

Concession perpétuelle ou pas, je fait passer le message en signalant le risque de disparition de certaines tombes vietnamiennes pour x raisons alors qu’elles mériteraient d’être conservées aussi pour x raisons.
En effet :

À Nouméa, les problèmes de place ne concernent pas que les vivants. Les morts aussi ont besoin d’espace pour reposer en paix. La municipalité a donc mis en place un système de reprise des concessions, arrivant à leur terme et non renouvelées par les familles. Mais pour cela, les emplacements doivent être libres. Un mur du souvenir est donc en cours de construction au cimetière du 4e km, où les restes des défunts, dont les concessions vont être ainsi libérées, seront placés dans des caissettes individuelles. « Les familles qui le souhaitent, et qui ne s’étaient pas fait connaître dans les délais, pourront à tout moment réclamer les restes de leur défunt », explique Patrick Honoré, responsable des cimetières. Cette nouveauté pour les familles n’était autrefois pas possible avec l’ancienne méthode d’ossuaire qui consistait simplement en une vaste fosse commune.

Les nouvelles calédoniennes
Article du 22.07.2006

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