INTRODUCTION

22.3.08

40 ans d’histoire (de nems) réduits en gravats.

C’était prévu depuis un an déjà mais ça m’a fait tout drôle de voir la démolition en deux temps trois mouvements du premier complexe vietnamien qui a été édifié en Nouvelle-Calédonie.


Je n’ai même pas penser à prendre des photos en souvenir mais j’en ai trouvé une sur le net :


Le quotidien local nous a fait un petit article à ce sujet :

"Un centre d’affaires devrait remplacer L’Impérial

Alors que vient de s’achever la démolition du complexe commercial L’Impérial, le propriétaire du site envisage d’y reconstruire un centre d’affaires.Menée tambour battant à grand renfort de pelleteuses, la destruction du complexe commercial L’Impérial aura nécessité moins d’un mois de
travaux. La place est désormais bien nette. Les gravats ont été enlevés et serviront à l’édification d’un remblai du côté de Païta. Ils seront soigneusement ensevelis car il y avait des suspicions concernant la présence d’amiante.

Concession Hyundai

Le site est donc prêt à accueillir un nouveau projet immobilier. Mais sa mise en chantier n’est toutefois pas pour tout de suite, comme le précise Jean-Pierre Dang, propriétaire du site : « Nous avons un avant-projet concernant un centre d’affaires mais rien n’est encore arrêté. Le cabinet d’études de l’Atelier d’architecture de Jean-Pierre Huvon planche sur sa faisabilité et sur son éventuelle rentabilité. » Et d’ajouter : « Cela pourrait
être un centre d’affaires comprenant un immeuble et un hall d’exposition.
L’immeuble accueillerait une dizaine de commerces au rez-de-chaussée et des bureaux sur quatre étages. Le hall d’exposition, à l’ancien emplacement de Farmagri, abriterait la concession Hyundai de mon frère Jean-Paul.»

Jean-Pierre Dang explique par ailleurs pourquoi il a tenu à faire raser L’impérial, même s’il n’a pas de projet immédiat pour le site : « J’ai voulu faire place nette, car les locaux étaient souvent squattés la nuit et, à plusieurs reprises, il y a même eu des départs d’incendies. Cela risquait de devenir trop difficile à gérer. »


Michel Martin
Les Nouvelles Calédoniennes - 22/03/2008"

L’histoire de l’Impérial en quelques dates

1967: Construction de l’immeuble Impérial. Ouverture de la première salle des fêtes et du supermarché.
1968: Vente du fonds de commerce.
1974: Ouverture de la nouvelle salle des fêtes Le Majestic et de la quincaillerie Chuvan frères. 1978: La maison Barrau reprend la gérance du supermarché.
1992: Fusion avec la maison Ballande pour créer un grand magasin de bricolage. Fermeture de Chuvan frères. Ouverture du magasin Vietnam Asie.
1996: Fermeture de Vietnam Asie.

Parce que la saga des Frères Chu Van mérite d’être connue, j’en rajoute une couche :

"La destruction de l’ex-propriété Laurent Chuvan est en cours. Symbole de la réussite puis de la déchéance d’un homme, cette immense maison, bâtie à la fin de la période la plus troublée de l’histoire de la Nouvelle-Calédonie, va laisser place à une résidence de standing.

L’affaire d’Ouvéa était encore dans les esprits. Les accords de Matignon et d’Oudinot à peine signés.

Sur les contreforts du Ouen-Toro, zone quasiment non bâtie à l’époque, Laurent Chuvan, fils d’un migrant vietnamien, décide de construire sa maison. Immense. Car Laurent est un « grand rêveur » explique avec respect Joseph, un de ses cadets. Il veut pouvoir y accueillir ses dix frères et sœurs et la ribambelle de nièces et de neveux.

L’heure de gloire

La maison est assez « m’as-tu-vu » avec ses deux ailes en forme de pinces de crabe ouvertes sur un énorme faré, sa piscine, son terrain de tennis…Dans un contexte où beaucoup s’interrogent sur le devenir de la Nouvelle-Calédonie, où beaucoup d’argent est investi à l’extérieur du territoire, Laurent Chuvan n’a pas peur de dépenser 200 millions dans une maison. Ça jase beaucoup en ville. En réalité, la maison coûte beaucoup moins cher car il assure lui-même le chantier avec une équipe d’employés du bâtiment. En 1990, elle est terminée. Laurent Chuvan occupe une aile et Joseph l’autre. C’est l’heure de gloire de cette famille qui doit tout à ses parents, commerçants acharnés, à Koumac d’abord, puis au Faubourg-Blanchot où ils bâtissent leur réussite. Le début des années 90, c’est la glorieuse époque de l’Impérial. Le Majestic brille de mille feux. La quincaillerie Chuvan Frères profite de la dynamique des accords. Car en fait, en homme d’affaires avisé, Laurent Chuvan a anticipé la relance économique.


L’empire s’écroule

Dans l’immense maison — précurseur avec ses toits de tuiles vernissées bleues — des fêtes, pas que de famille, ponctuent les semaines. Mais la fortune ne sourit pas toujours à l’homme de cœur qu’est aussi Laurent Chuvan.
L’incendie du centre Barrau puis l’échangeur construit devant l’Impérial font s’écrouler son petit empire alors qu’il rêve de bâtir une immense tour de commerce et d’affaires. Ses déboires sont aussi rapides que son ascension.

L’homme est ruiné. La propriété du Ouen-Toro, plantée sur un terrain de 55 ares, est mise en vente aux enchères. Achetée par un promoteur immobilier, ses jours sont comptés. Laurent Chuvan décède peu après. Devant la maison-symbole, détruite au marteau et au bull, Joseph Chuvan exprime sa tristesse. Mais il relativise. « Cette maison, c’était son rêve à lui, à Laurent. C’est lui qui a voulu faire grand. C’était le grand frère et c’est lui qui a choisi. Il a perdu, c’est comme ça. »

Les Nouvelles Calédoniennes du 30/04/2002 "

2 commentaires:

Anonyme a dit…

un petit rectificatif architectural à propos du texte "Dans l’immense maison — précurseur avec ses toits de tuiles vernissées bleues "... un complexe hotelier en a été le précurseur: le bureau d'étude, dont faisait partie Hervé Gloux, a fait construire en 65 le Château royal faisant venir du Japon des tuiles vernissées bleues du Japon afin de rappeler la couleur du lagon. Mon père me raconte à l'instant que les clients américains désiraient une décoration intérieure avec du mobilier style Louis XV, qu'il fit fabriquer au faubourg St Antoine à Paris. Je ne sais pas joindre les images sur les commentaires (!)...mais elles existent notamment sur de vieux catalogues touristiques. Je me délecte des histoires (de nems) et profite de la mémoire paternelle riche d'un Nouméa des années 60/70.

Frank a dit…

Puis il y eu pour les tuiles bleues, l'hotel de la province Sud et le marché municipal de Nouméa. Je crois qu'on ne peut pas mettre d'images dans les commentaires, tout au plus des liens.